24h du Mans et 1ère manche Women’s Cup 2017
Une semaine de folie… tellement de choses à raconter que je ne pense pas tout pouvoir vous transmettre à travers ce compte-rendu ! Je vais faire de mon mieux en tout cas.
Je me suis donc rendue au Mans avec ma moto habituelle (Suzuki GSXR #52) pour participer à la 1ère manche de la Women’s Cup, course de vitesse exclusivement féminine en course annexe des 24h du Mans.
Parallèlement à cette course, j’étais engagée dans une équipe 100% féminine, le Girls Racing Team #19 pour les 24h du Mans, sur une Yamaha R1, en tant que 4ème pilote.
Je finirai finalement cette course mythique dans un team italien, le Special Team Ducati #81 en tant que pilote titulaire et avec la victoire en catégorie Sportwin !
Lundi :
Nous arrivons sur le Circuit Bugatti après de nombreuses heures de route. Arnaud et Pierrot m’accompagnent pour la semaine. Nous rejoignons l’équipe du Girls Racing Team #19 afin de monter l’hospitality qui sera notre lieu de campement pour la semaine, et qui accueillera la trentaine de bénévoles prévus. Le Girls Racing Team est composé de 4 pilotes pour les 24h du Mans : Muriel Simorre, Melissa Paris, Amandine Creusot, et moi-même.
Crédit photo : Philippe Saccaro
Mardi :
Une journée d’essai est réservée aux pilotes des 24h. Nous roulerons donc sur la Yamaha R1 une dernière fois avant l’épreuve des qualifications prévue le jeudi. Aucun problème avec la moto et les pilotes. Nous connaissons la R1 puisque nous avons pu nous entraîner 3 jours à Valencia et 2 jours lors des Pré-Mans.
Crédit photo : Marc Fleury
Le soir a lieu le briefing des pilotes des 24h.
Mercredi :
Cette journée est réservée aux contrôles administratifs des pilotes et aux contrôles techniques des motos. C’est là que je commence à galoper dans tous les sens… Contrôle 24h ici, contrôle Women’s Cup là-bas… Briefing des pilotes Women’s Cup… Photos officielles des pilotes… et en plus une session d’essais libres de 30 minutes réservée à la Women’s Cup. Aucun problème avec ma GSXR puisque je reprends les mêmes réglages que l’année passée. Les essais se passent bien, même si les grosses différences de niveaux entre les pilotes rendent ceux-ci relativement dangereux…
Crédit photo : Thomas Benoit
Ah oui, j’oubliais, ce fameux mercredi 12 avril était aussi la date de mon anniversaire où je soufflais mes 29 bougies… Je remercie toute l’équipe et mon chéri qui n’ont pas manqué de me réserver une belle soirée pour l’occasion !
Jeudi :
Les choses sérieuses commencent… Aujourd’hui ont lieu les premières sessions d’essais qualificatifs des 24h pour chaque pilote, ainsi que celles de la Women’s Cup.
En Women’s Cup, je réalise la pôle position des 77 concurrentes présentes en 1’45’9 avec ma Suzuki GSXR.
Crédit photo : Pixelmotards
Pour les qualifs des 24h où je suis « pilote rouge », je réalise un meilleur temps en 1’42’4 avec la Yamaha R1 du Girls Racing Team, qui sera le meilleur chrono de cette matinée au sein de l’équipe. Une petite chute viendra mettre fin à ma session à quelques minutes de la fin, rien de grave, je pourrai ramener la moto au box.
Crédit photo : Pixelmotards
Le jeudi soir ont lieu les essais de nuit de 20h30 à 22h. Nous nous relayons avec les filles pour toutes pouvoir tester ces conditions différentes. En effet, les sensations n’ont rien à voir… Les lumières, les ombres, les sons, viennent perturber tous nos repères, mais cela rend la chose magique !
Vendredi :
Jour des deuxièmes sessions d’essais qualificatifs.
En Women’s Cup, je confirme la pôle position en 1’46’3. Impossible pour moi d’améliorer ce chrono en raison des différences de niveaux, m’obligeant à me faufiler entre les pilotes moins rapides.
Crédit photo : Michel Grimaud
Pour les qualifs des 24h, je ne chercherai pas à améliorer mon chrono de la veille en 1’42’4 qui était déjà au-delà de mes espérances et qui restera le meilleur chrono du team.
Toutes les filles de notre équipe du Girls Racing Team parviendront à se qualifier et placer la moto sur la 53ème ligne de la grille de départ des 24h du Mans, sur 60 équipages inscrits.
Crédit photo : Etienne Maurin – French Arrogance
Après toutes ces bonnes nouvelles, il est temps pour moi d’aller rendre mon bracelet de pilote auprès de la Commission accompagnée de notre Team Manager. Un moment assez difficile pour moi, même si c’était convenu comme ça depuis plusieurs jours, car j’ai espéré jusqu’au bout un retournement de situation. Car comme beaucoup d’entre vous se le sont demandés, malgré mon meilleur temps en qualifs, je n’avais malheureusement pas l’expérience de mes coéquipières en course d’endurance. Muriel et Pierre, qui gèrent le team, avaient donc décidé, à juste titre, de sélectionner les pilotes qui ont déjà fait leurs preuves et qui font partie de l’équipe depuis plusieurs années. Contrairement à moi, qui arrive en remplacement de la Hollandaise Jolanda Van Westrenen, et qui n’ait participé seulement qu’à des courses de vitesse.
Crédit photo : Aurélie Robil
Il était donc convenu que je qualifie la moto en tant que pilote titulaire et qu’ensuite je cède ma place à une pilote moins rapide mais plus expérimentée. Quelques minutes après ce moment de déception, j’apprends que la Team Manager du Special Team Ducati #81 me cherche pour me proposer d’intégrer son équipe. Il lui manque deux pilotes en raison de chute et de pilotes non-qualifiés de par leurs chronos. Une réelle chance pour moi ! Je pars donc rencontrer l’équipe et inspecter la moto, une Ducati Panigale. Nous ne parvenons pas facilement à nous comprendre car la majorité des membres du team sont italiens et ne parlent pas français, seulement quelques-uns.
Bref, cela ne sera pas un frein pour moi, qui accepte de rejoindre leur team ! Une opportunité comme celle-ci, ça ne se refuse pas…
Vendredi soir a eu lieu la visite des stands, où les spectateurs peuvent venir à la rencontre des pilotes… séance de dédicaces intensive pendant 1h30 !
Crédit photo : Philippe Saccaro
Samedi :
Le warm-up pour les derniers essais des motos avant la course est prévu de 10h à 10h50. Lorsque j’arrive au box, la Ducati présente une importante fuite d’huile après seulement quelques tours de piste avec Daniele Barbero à son guidon (pilote officiel du Team). Les mécaniciens se mettent au travail, mais je n’aurai pas le temps de pouvoir essayer la moto. Mon coéquipier, Thomas Guilbot, qui comme moi, vient d’être intégré au team, ne pourra pas la tester non plus.
Je ne vous cache pas qu’à ce moment là, on se demandait vraiment où on allait avec Thomas… Se lancer dans une course de 24h, en Championnat du Monde, avec une moto complètement inconnue, sacré défi ! De plus, nous ne donnions pas long feu à cette Ducati qui avait présenté apparemment durant cette semaine, de nombreux soucis mécaniques.
Il est maintenant midi, c’est l’heure du départ de la course Women’s Cup. Je remonte donc sur ma Suzuki et regagne la 1ère place sur la grille de départ. Le monde dans les tribunes est impressionnant… Nous aurons 12 tours à boucler avant de franchir la ligne d’arrivée, où je ne prendrai aucun risque en raison de la course des 24h juste après. Je prends un bon départ et tente de suite d’imposer un bon rythme. Erika, qui est une très grande amie, mais qui sur piste est une grande rivale, de par son niveau et son expérience, me double dans les premiers tours. Je m’accroche et ne me laisse pas distancer. Nous arrivons rapidement sur les pilotes attardées entre lesquelles nous devons nous faufiler. Chose qu’Erika fait très bien et qui parvient à prendre un peu d’avance sur moi. Je reviens finalement dans sa roue, mais passerai le drapeau à damiers à la seconde place, à plus de 20 secondes d’avance sur la 3ème. J’aurai pas contre, le meilleur tour en course en 1’45’1.
Crédit photo : Michel Grimaud
Après ce magnifique podium au goût de Champagne, il est temps de se reconcentrer pour la suite.
Avant la procédure de départ de cette course des 24h du Mans, les pilotes et le public rendent un dernier hommage à Anthony Delhalle qui nous a quitté brutalement il y a quelques semaines. Un moment rempli d’émotions…
Les motos entrent ensuite en piste pour se positionner sur la grille de départ. Nous sommes à la 59ème position. La Marseillaise résonne dans les tribunes dans les voix de milliers de spectateurs. Un moment très fort qui fait frissonner !
Crédit photo : Philippe Saccaro
Il est maintenant 15h, le départ est donné. Daniele Barbero part pour son premier relais. C’est ensuite mon tour de partir…On me parle italien, anglais, pour essayer de m’expliquer quelques trucs sur la moto, mais je ne comprends pas tout ! Pas grave, je me dis que je devrais bien m’en sortir ! La poignée de gaz se tourne bien de la même manière après tout !
Me voilà partie en piste, où j’essaie d’analyser le comportement de la moto, me faisant quelques frayeurs lors des rétrogradages en raison d’une option dont je n’ai pas du tout l’habitude (blipper). Le point neutre à plus de 200 km/h dans la Dunlop, je vous garantis que ça fait peur… Mais une fois quelques tours passés et l’apprentissage de ce bicylindre bien débuté, je réalisais quasi les mêmes chronos qu’avec ma GSXR, ce qui m’a valu les applaudissements du team une fois mon premier relais terminé.
Crédit photo : Shooting 78
J’ai donc enchaîné les relais d’environ 1h toutes les 2h, où j’ai dû apprendre à m’économiser physiquement. Le but principal étant de terminer la course, nous ne recherchions pas les chronos.
Moi qui pensais que cette Ducati n’irait pas loin, je commençais à croire qu’arriver au bout était réalisable.
Crédit photo : Esprit Racing
Mon dernier relais de nuit et le premier du matin ont été pour moi les plus difficiles. La fatigue et les douleurs musculaires commençaient à vraiment se faire ressentir. Heureusement, nous pouvions compter sur l’ostéopathe pour s’occuper de nous entre les relais.
Crédit photo : Philippe Saccaro
Nous n’avons eu aucun souci mécanique jusque dans la matinée du dimanche matin ou le collecteur de la moto s’est fissuré, obligeant un arrêt prolongé au box pour réparer. Nous repartons plus tard avec une moto bridée, présentant nettement moins de puissance, et avec la consigne de ne pas trop pousser la moto dans les tours afin de l’économiser et espérer qu’elle puisse rallier l’arrivée.
Crédit photo : Sébastien Virieux
Dimanche 14h, il reste une heure de course. Alessia, la Team Manager m’annonce que l’équipe souhaite que je fasse le dernier relais, celui de l’arrivée, le plus beau cadeau qu’on puisse faire… je ne les remercierai jamais assez pour leur confiance et ce moment exceptionnel.
Crédit photo : Tat Photographie
Dernier relais, je reste concentrée afin de ne faire aucune faute de pilotage, et je prie pour que la moto tienne le coup… Elle n’a plus de puissance et semble être mal au point. Je regarde l’horloge sur la voie des stands lors de chaque tour qui me paraît interminable ! Enfin à 15h pétante, le drapeau à damiers s’agite, signant la fin de cette mythique course d’endurance. Un dernier tour d’honneur magique, entouré par des milliers de spectateurs, les commissaires de piste très nombreux agitant tous leurs drapeaux sur le circuit…
L’arrivée aux stands a été pour moi le moment le plus émouvant où je n’ai pu contenir mes larmes, des larmes de bonheur, qui coulent encore lorsque j’écris ces lignes. Tous les teams réunis devant les box, laissant juste une allée pour le passage des motos et pilotes. Une haie d’honneur sous des tonnerres d’applaudissements, de rires, et de larmes.
A peine descendue de la moto en parc fermé et ayant juste eu le temps de sécher mes larmes, nous sommes amenés avec mon équipe directement sur le podium, puisque nous terminons 37ème au général, mais surtout nous finissons 1er de notre catégorie Supertwin !!!
Un trophée inespéré, en course de Championnat du Monde d’Endurance. C’est ave des étoiles plein les yeux que je monte sur ce podium pour la seconde fois du week-end.
Un team qui était pour moi inconnu, tout comme cette moto… La vie fait parfois bien les choses ! Cette course et cette équipe resteront en tout cas à jamais gravés dans ma mémoire et je ne les remercierai jamais assez de m’avoir permise de réaliser ce rêve et d’avoir cru en moi jusqu’au bout.
REMERCIEMENTS :
Je remercie toute l’équipe du Special Team Ducati. Alessia, la Team Manager, qui m’a fait confiance. Merci à toute l’équipe du Girls Racing Team qui m’a permise aussi d’être là et de vivre ce rêve également. Merci à tous les bénévoles, mécaniciens, ostéopathes, cuisiniers, panneauteurs, commissaires de piste… Merci à tous les photographes, journalistes. Merci à Cedric Fact. Merci à Thierry Sortais. Merci à tous pour vos nombreux messages de soutien et d’encouragements. Merci à Pierrot, Laurent, mon papa, mon chéri Arnaud de m’avoir accompagnée. Un grand merci à ma maman qui a été exceptionnelle durant ce week-end de course et qui a été aux petits soins pour moi.
Crédit photo : Aurélie Robil
Merci à tous les donateurs, à mes sponsors et partenaires : Bychonner, AcidMoto.ch, Ipone, Jum’Hotel, Hôpitaux Universitaires de Genève, Icon, Ixon, Fly-Design, Parts Europe, Accessbk, Brigitte Moto, Alain Cottard, Cottard Motos, Formrider, Ixon, l’Aspiracing, Yam 74, Dark Angels, Mag’Motardes, Meuf In Bike, Auto-Moto Ecole Viuz, Les chipies d’Eugénie, Team Attaque Gros Gaz, Cuisines Cheneval Design, Crac1Max, MXCOM, Feux Follets, E. Leclerc Sts-Geosmes, EMC, Contrôle Technique Montsaugeonnais, Base Secrète, Transports Bucheron International, Bar-Restaurant Le Couac Poisy, Usipole, ESI Glisse-Passion, G. COLLINOT Ostéopathe Animalier, Garage de Cherrey, AMC 52, Les Pachas d’Amandine, ADH Team, Garage du Mont-Blanc, Mon Petit Atelier, Le Journal de la Haute-Marne, Team Poireau 52.
Crédit photo : Lydia Truglio Beaumont
Prochain RDV les 29 et 30 Avril 2017 sur le Circuit de Carole pour le Promosport !